Survivre en mer, c’est tout sauf ce que vous imaginez. Les marins du monde sont tous aujourd’hui formés pour les techniques de survie en mer (au travers des formations STCW notamment), et apprennent comment (sur)vivre dans les radeaux ou canots de sauvetage.

Mais c’est surtout l’Histoire qui a permis d’apprendre des erreurs des infortunés.

Le matelot chinois

Avec 130 jours à la dérive, il détient le record absolu de la survie en mer.

Le cargo anglais sur lequel il a embarqué est torpillé au large de l’Equateur. Il parvient à se hisser sur un canot de sauvetage. A bord, il trouve quelques vivres, un peu d’eau et des fusées de détresse.

Il se fabriquera une ligne de pêche en séparant patiemment les fils qui composent la sauvegarde extérieure du bateau. Un clou recourbé constituera l’hameçon. Avec son dernier biscuit et de la salive, il créera un appât. Pendant pratiquement tout le temps, l’eau de pluie lui fournira sa boisson.

Des pêcheurs le recueilleront au large du Brésil. Il est considérablement affaibli mais vivant.


Les ROBERTSON

Ils sont 6 à bord de la goélette qui vient de quitter les Bermudes : les parents ( Dougal et Lynn), leur fils aîné de 18 ans, les jumeaux de 12 ans et un jeune ami de 22 ans.

Attaquée par les orques le 15 juin 1972, la goélette sombre en quelques minutes. Ils embarquent sur le radeau de survie et sur un dinghy.

Leur seules ressources : le matériel du radeau et quelques oranges et citrons qu’ils ont pu sauver. Pendant trois jours, jusqu’à ce que tombe la pluie, ils vivront avec 1 litre d’eau par jour pour eux six.

Ils boiront, par suite, le sang des tortues qu’ils attraperont à la main. Un poisson volant leur fournira le premier appât pour la pêche.

Ils sauront tirer parti du peu dont ils disposent (l’eau saumâtre servira à faire des lavements, de même que l’huile des tortues sera aussi utilisée comme onguent).

Le 23 juillet, 38 jours après le naufrage, ils sont repêchés par un navire de pêche japonais.

Alain BOMBARD

Afin de démontrer qu’il est possible de survire en mer, à bord d’un canot pneumatique, sans eau ni vivres, Alain BOMBARD va effectuer un périple qui le mènera de Monaco à Barbade.

Commencé le 25 juin 1952, son voyage à bord de l’Hérétique se terminera le 23 décembre après 65 jours seul sur l’Atlantique.

Pendant 14 jours, en Méditerranée, avec son compagnon de départ Jack PALMER, il boira de l’eau de mer ou le jus des deux mérous qu’il réussira à pêcher. Dans la dernière partie de son voyage (Las Palmas – Barbade), il fera mettre sa trousse de pêche sous scellés et fabriquera un harpon avec la lame de son couteau recourbée et accrochée à son aviron, ou utilisera comme hameçon un os de dorade-coryphène.

Du 19 octobre au 23 décembre, il boira de l’eau de mer, du jus de poisson, puis de l’eau de pluie, se nourrissant exclusivement de poisson et de plancton.

Ce qui lui a permis de faire face : la certitude que la réussite de son expérience donnerait l’espoir à tous les naufragés et que l’échec, au contraire, les condamnerait presque sûrement à mort.

Ses conseils aux plaisanciers : avant de vous préparer à prendre la mer, ayez passé au moins une nuit à bord de votre radeau, avec vos enfants éventuellement. Et assistez aux démonstrations de radeaux de survie organisées dans les ports.

Nicolas ANGEL

Le jeudi 4 avril 1979, il embarque aux Bermudes à bord du trimaran RTL-Timex, pour tenter avec Alain GLIKSMAN de battre le record de la traversée de l’Atlantique.

Le 8 avril, le trimaran fait naufrage à 50 miles des Bermudes.

Après une nuit passée dans la capsule de survie, la décision est prise d’embarquer dans le radeau. Les cinq hommes connaîtront 9 jours d’enfer dans une mer déchaînée.

Par deux fois, le radeau se retourne, jusqu’à ce qu’ils trouvent le moyen de le stabiliser avec le poids de leur corps.

Ils ne parviennent pas à pêcher mais les bidons d’eau qu’ils ont emportés et l’eau de pluie les empêchent au moins de se déshydrater.

Trempés en permanence par les embruns, à moitié morts de froid, affamés, ils seront repêchés par un pétrolier.

Ce qui leur a permis de faire face : le sentiment de ne faire qu’un avec ses coéquipiers et la nécessité de ne pas les démoraliser en se laissant aller au désespoir. Et aussi, le souvenir de l’expérience du docteur BOMBARD.

Leurs conseils aux plaisanciers : gardez votre sang-froid et l’esprit vif. Ne désespérez pas lorsque des cargos passent tout près sans voir vos signaux de détresse. Même s’il fait froid, sortez de temps en temps, par l’ouverture du taud, pour ne pas vous sentir en prison.


Thierry LEDOUX

Il raconte : « J’ai fait naufrage par beau temps« .

Parti de Saint-Malo le 5 janvier 1979, comme maître de bord, il fait route vers les Açores. Avec lui, cinq personnes en école de croisière. Après 10 jours de tempête, le vent est enfin tombé, le temps s’est mis au beau.

C’est alors qu’arrive une vague énorme qui retourne le bateau. Thierry LEDOUX a le bassin fracturé, l’un de ses équipiers souffre de blessures au visage et d’une fracture du crâne.

Mis à l’eau, le radeau se gonfle lentement, mais l’embarquement s’effectue calmement. Il dit n’avoir pas été paniqué un seul instant, excepté lorsque, au bout de trente heures, le radeau a été pris dans les remous du pétrolier qui les a repêchés.

Ce qui lui a permis de faire face : son exceptionnelle connaissance du radeau. Ayant assisté aux révisions, ayant prévu des sacs étanches de provisions et de matériel supplémentaires, il était psychologiquement et matériellement préparé au naufrage.

Ses conseils aux plaisanciers : sachez prévoir le naufrage. Emportez des vêtements, duvets et couvertures, le froid est un ennemi dangereux.

Partagez vous-aussi en commentaire vos anecdotes de survie (si le diable a voulu que vous en viviez) et ce qui vous a permis de faire face !

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